Friday, April 13, 2007

Christophe IX

J’attends de voir ce que Christophe va dire, s’il a aimé ce que je lui ai raconté. Il sourit, et se rapproche un peu plus de moi. Je peux voir que mon histoire a eu les effets escomptés, puisque je vois bien son érection pousser au travers de son pantalon. Je prends sa coupe de vin, je la dépose près de la mienne sur la table à café, puis je m’assois à califourchon par dessus Christophe, sans avertir, ma jupe un brin relevée, les rebords de dentelle des stay-ups bien en vue, et je me mets à l’embrasser goulûment. Il glisse ses mains à ma taille, me caresse le dos, puis les glisse doucement sous ma jupe, effleurant mes fesses nues. Je me presse contre lui, dans un mouvement lancinant de va et vient. Il retire subitement sa langue de ma bouche et me dit nous devons quitter dans 10 minutes, la réservation est à 19 h 30Sois patiente, mon affamée. Je soupire, je me rassois à coté de lui et replace mon chemisier et mes cheveux tant bien que mal. Je lui fait le coup de la moue. Silence total. Ça m’emmerde. Question fatidique. Christophe, es-tu mon…mon…chum?

Christophe pouffe de rire. Ton quoi? Tu veux dire, ton petit ami? Ma foi, ma mignonne, on jurerait que tu as seize ans. Tous deux installés sur le canapé, moi, confortablement inconfortable, les orteils recroquevillés dans les bottes, attendant de voir ce qu’il va répondre, et lui, solennel et silencieux tout à coup. Il me regarde, assis dos bien droit et jambes croisées, en essayant de se défaire de son érection, bouleversé par la candeur de mes propos à la suite d’une mise en scène pour adultes seulement, perplexe devant une question aussi simpliste venant d’une femme aussi complexe, mais amusé de ma minauderie gamine. Question simple, oui, mais dont la réponse pourrait teinter le reste de la soirée ainsi que notre « relation ». Il fixe nonchalamment une vieille tache de vin rouge sur la carpette indienne, probablement une coupe renversée, ce n’était pas moi, je m’en souviendrais, sans trop savoir quoi répondre. Ce n’est pas facile de rester sur la frontière; on aime ou on s’en fout, on dit oui et l’on ment ou on dit non et ça s’arrête comme ça, bêtement, personne n’aime les douches froides, il m’a demandé doucement si ça me dérangeait qu’il s’allume une cigarette, non, tu es chez toi après tout, mais merci quand même de te soucier de ma sensibilité au tabac, puis je me suis calée encore plus profondément dans les coussins du canapé en frottant mes pieds ensemble, jusqu'à ce que le cuir de mes bottes se mette à grincer. Il s’est agenouillé devant le foyer, s’est allumé une cigarette, puis, a pris une bouffée en plissant les yeux puis expiré lentement les volutes de nicotine vers l’âtre de la cheminée. Je le sens nerveux, fébrile, attends, c’était peut-être moi finalement, nerveuse, fébrile, insecure little girl, et puis pendant que je le regarde fumer et réfléchir, j’écris mentalement des fragments qui m’empêchent de penser à ce que je ne veux pas voir.

Dis-moi
Je te prends
Je te veux
Je te choisis
Je te protèges
Je t’a i m e


Il a terminé sa cigarette, puis se rassois sur le canapé et pose sa main sur ma cuisse. Il me demande de lui parler de moi, de ma vie de divorcée, de mère monoparentale, rien sur ma carrière de traductrice, d’écrivaine, il n’en a rien à foutre c’est ce que je crois, ça ne l’intéresse pas cette facette de ma vie, il me pose des questions sur mon rôle de fille aînée, s’intéresse à mes parents, mais surtout à mon père.
Parle-moi de ton père; il t’aime? Est-ce qu’il est fier de sa fille?

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