Tuesday, April 10, 2007

Christophe IIX

Raconte, qu’il me dit, l’excitation dans la voix. Je bois une gorgée de vin avant de lui raconter mes mésaventures au pays de ses fantasmes impliquant mes fesses à l’air en février. Je sais qu’il se fout de savoir ce qui s’est vraiment passé, de savoir ce que j’ai fait, pour vrai. Je lui épargne mon grand sens de la logique et ai recours à mon sens du théâtre, et je lui raconte, pour le bien-fait de l’histoire, exactement ce qu’il veut entendre. Christophe n’en a rien à foutre de savoir qu’avant de partir de chez moi, j’avais plié le plus petit des mes strings en trois, et que j’en avais fait un mignon protège-dessous à l’intérieur d’un autre string, celui qui est assorti à mon soutien-gorge. De cette façon, quand le moment est venu, je n’ai eu qu’a le retirer gentiment d’entre mes jambes en glissant la main sous ma jupe, sans tracas ni embarras, un jeu d’enfant, les épaules chargées de paquets par dessus le marché, et lui remettre mon string, encore chaud et humide tel que demandé par M. Christophe, entre ses mains dès mon arrivée chez lui.

Évidemment, ce n’est pas une histoire de maîtresse débrouillarde et pragmatique tirant les ficelles derrière le rideau des fantasmes de ses amants que je lui ai racontée. Ce n’était pas ce qu’il voulait entendre. Non, je lui ai plutôt raconté l’histoire de la femme prise au dépourvu devant la complexité des exigences de son amant et qui tâchait de le satisfaire du mieux qu’elle pouvait et s’était mise dans l’embarras. Je ne savais pas comment faire, Christophe, tu t’imagines…j’ai dû m’arrêter devant chez toi, déposer toutes mes choses par terre afin de retirer mon slip, relever ma jupe mais pas trop, juste assez, j’avais de la difficulté à atteindre la taille en dessous de mon manteau, à enlever mon string, les lèvres dénudées de mon sexe en proie au froid glacial, à prendre garde de ne pas dérouler mes stay-ups, à ne pas tomber en passant la bande de dentelle élastique autour des talons de mes bottes, et ces gens choqués sur le trottoir, et ton voisin, qui me regardait les yeux exorbités du haut de sa fenêtre, il devait se masturber le cochon, comme il le fait habituellement de chez lui, à nous écouter derrière le mur de ta chambre au cours de nos ébats bruyants du week-end, c’est toi qui m’en a parlé, ça te fait jouir de savoir que ton voisin t’écoutes quand tu baises, tu me demandes toujours de crier plus fort, tu t’imagines, et tous ces cuistots prenant leur pause-cigarette à l’arrière du restaurant thaïlandais avec vue sur ta chambre à coucher, tous, ils me regardaient enlever mon slip en se donnant des coups de coude et en rigolant, quels porcs, ceux-là, je faisais semblant que personne ne me voyait, je faisais l’innocente mais je savais bien qu’ils étaient tous en train de bander et de saliver à me regarder en train de me dénuder les fesses à moins vingt degrés, la salope, that horny bitch qu’ils devaient se répéter, et tout ça parce que je voulais te faire plaisir Christophe, j’étais très embarrassée, j’avais honte, j’en aurais pleuré, mais rien n’y paraissait, si tu veux savoir, j’affichais un sourire coquin, j’avais l’air d’y prendre plaisir dans mon histoire alors qu’en réalité personne ne m’a vue, j’avais prévu le coup, on ne me la fait pas à moi, c’est moi qui tire les ficelles alors c’est ce que je te raconte, et tu m’écoutes attentivement, tu marches à fond dans ce délire fantasmatique que tu m’as demandé de créer et voilà, je l’ai fait, c’est ce que j’ai fait, pour toi, pour t’exciter, te faire bander, pour que tu sois content et que tu m’aimes un peu, et que tu prennes soin de moi.

S’il te plait.

0 people had something to say: