Tuesday, June 26, 2007

Points de suspension


Si l'on agite un tapis sur lequel on marche depuis longtemps, sans jamais l'avoir secoué un peu, on obtiendra inévitablement un nuage de poussières et de particules de toutes sortes. Les saletés, si longtemps emprisonnées dans les fibres du tapis par les pas incessants et les semelles des chaussures, vole en tous les sens, formant des nuées aveuglantes. Elles souillent les visages, les cheveux, les fenêtres, les voitures. Elles piquent les yeux, font larmoyer, tousser, démanger. Elles laissent un film désagréable dans la bouche, des résidus douteux dans les narines et sous les ongles. Certains s'enfuient en courant, déguerpissent au moindre nuage, incapables de supporter le choc. D'autres, plus sages et plus patients, attendent que la poussière retombe; ils ferment les yeux, retiennent leur souffle, ferment la bouche. Ils savent bien que lorsque les nuages de poussières seront retombés, ils y verront plus clairement.

Mais il y a cet instant.

Cet instant où les poussières demeurent en suspension et forment des nuages que les rayons du soleil traversent parfois. Un nombre incalculable de traces effacées flottent, suspendues dans le temps, sous nos yeux. Éventuellement, la poussière retombe, et le cycle recommence.
Mais ce n'est qu'un instant. Un tout petit instant.

Entre la vérité et la fiction, il y a aussi cet instant.
Mais la poussière ne retombe jamais.

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