Tuesday, June 26, 2007

Points de suspension


Si l'on agite un tapis sur lequel on marche depuis longtemps, sans jamais l'avoir secoué un peu, on obtiendra inévitablement un nuage de poussières et de particules de toutes sortes. Les saletés, si longtemps emprisonnées dans les fibres du tapis par les pas incessants et les semelles des chaussures, vole en tous les sens, formant des nuées aveuglantes. Elles souillent les visages, les cheveux, les fenêtres, les voitures. Elles piquent les yeux, font larmoyer, tousser, démanger. Elles laissent un film désagréable dans la bouche, des résidus douteux dans les narines et sous les ongles. Certains s'enfuient en courant, déguerpissent au moindre nuage, incapables de supporter le choc. D'autres, plus sages et plus patients, attendent que la poussière retombe; ils ferment les yeux, retiennent leur souffle, ferment la bouche. Ils savent bien que lorsque les nuages de poussières seront retombés, ils y verront plus clairement.

Mais il y a cet instant.

Cet instant où les poussières demeurent en suspension et forment des nuages que les rayons du soleil traversent parfois. Un nombre incalculable de traces effacées flottent, suspendues dans le temps, sous nos yeux. Éventuellement, la poussière retombe, et le cycle recommence.
Mais ce n'est qu'un instant. Un tout petit instant.

Entre la vérité et la fiction, il y a aussi cet instant.
Mais la poussière ne retombe jamais.

Thursday, June 21, 2007

Letter to Munich - Yes, you!


I thought alot about what you said to me in the car before I dropped you off in front of the Hard Rock Café. You know what Bridges - I haven't had so much fun in a long time. I will miss you. I answered back immediately: Neither have I, and I will miss you too. A polite and courteous way to respond to a handsome stranger who shows a genuine and straightforward interest in you and ackowledgment about his feelings - and yes, I could tell you were truthful because of the way you looked at me when you said it - you had been nothing but the night before - AND a man you know will never make love to you again. But the truth hits you when you don't expect it. I will not call, I will not write, I like you, but I'm not like my friend Huey - he falls in love like someone falls off a chair - let's be realistic here B. - this is it, this was it, it was great, I will always remember you, but that's how far this goes. Of course. I feel the same way H. - These could be my words, not yours, in fact I don't remember who cut the other one off first - I agree with you, I'm not even a tad tormented when I say IT'S OK; don't worry about it. I mean - what else are we going to do - exchange emails from Germany, Afghanistan, Cold Lake, insert any country or city where there is a military training base here - to Ottawa, Montreal or New-York? As opposed to you, who takes orders to determine where your next destination will be, I just follow my heart or my budget - whichever is the biggest at the time - and entertain the idea of a crazy made-up romance between the German soldier and the political interpreter? Yes, I'm making this sound romantic, I have to, it's my job, I'm writing a story, do you mind? Who would ever think that a strong, tough military guy who is supposed to be detached from his emotions would be so poignant with honesty and leave such a mark on silly little overly sarcastic me. Trust me - I can destroy my own romantic illusions quicker than the time it takes to say FAIRYTALE - and ridicule any glimpse of sentimentality emanating from my twisted self even before it forms and find a name for it in the psychology dictionnary ( Forget the reference books - I call it creative self-preservation) Perhaps it was the fact that we were both on our way back to somewhere else, or maybe that we had both been previously ravaged by hurtful relationship endings, go figure. Consequences to being truthful are minimal in this case, and yes, why not keep on with this truthful thing, after 5 weeks, I still do think of you, I know that you read me regularly even if you wouldn't admit to it, so I know that in a parallel world, you still think of me too.


To be honest, H...Who needs the one sky/one moon over both our heads nonsense when we have the internet. Here's my answer to your unbridaled romantic ending : When you read me, I can still see your eyes gazing into mine. In fact, I can see them right this second. And yes, my German cow-boy, I so wish you were here to hold me in those strong arms of yours. That was, to me, along with our eyes gazing into each other's soul, the best part of our chance meeting.


I don't love you either :)


Bridges

Tuesday, June 19, 2007

Christophe XVII


Tu adores ces petites mises en scènes élaborées, dans lesquelles nous devenons des personnages fictifs dans notre propre vie. Moi, je m’invente des protagonistes énigmatiques qui se cachent sous des airs de banalités, des êtres tragiques mais touchants, pour le simple plaisir de la contradiction. Ce soir, je dîne avec un étranger, visitant Montréal pour affaires. Quelque chose de cosmopolite et de politiquement correct, le genre de business qui se justifie à l'aide de rapports para-gouvernementaux poussiéreux de trois cent pages qui coûtent des millions aux contribuables. La Banque mondiale, tiens. Si, tu travailles pour la Banque Mondiale. D'ailleurs, c'est ce qui est écrit sur ta carte d'affaires; il y a même le logo, ton titre, v-p finances, ton nom, Christophe, et puis tous tes numéros, tes adresses. Tu voyages souvent, tu me l'as dit, tu m'appelles parfois, de Paris, de Ouagadougou, de Brasilia. tu dois rendre visite aux représentants de pays étrangers qui ont besoin de financement pour des projets d'urbanisme, de reconstruction. Est-ce moi qui invente Christophe, tu es timide et frondeur à la fois. est-ce que j'imagine tout ça, tu sembles habité par une force, un souvenir, une pulsion qui m'échappe complètement mais dont je devine la présence lorsque tu hésites et que tu baisses le regard avant de me dire quelque chose qui pourrait me contrarier. Je te regarde rappeler le garçon, tu lui dit ce que tu veux, il reprend les menus et file vers la cuisine. Je me demande bien ce que tu lui a demandé. Je pousse la porte de la salle de bains, je me retrouve devant le miroir biseauté et terni par le temps. Je vérifie mon maquillage, le froid n'a pas trop fait de dégâts, il y a plus de peur que de mal, en fait, et quelques simples traits de crayon khôl et de rouge à lèvres et rien n'y parait plus. Je me lave les mains avec ce savon rose dégoûtant qui se retrouve dans toutes les salles de bains de restaurant du tout Montréal; ce parfum me rappelle la petite école, les salles de bains aux grands lavabos que l'on actionnait en pressant une pédale avec le pied, en un instant je suis une élève du primaire et je me lave les mains après la récréation, j'ai dû enterrer un oiseau mort dans le sable, il s'est frappé contre l'une des grandes vitrines de ma classe pendant le cours d'anglais, je m'étais fait la promesse d'aller voir s'il était toujours là pendant la récréation. How do you say un oiseau s'est heurté contre la vitre, a bird hit the window, it hit so hard, it didn't see there was a wall there he smashed into it, et puis BANG! On ne le voyait plus, il était de l'autre côté de la vitre, et moi j'ignorais à ce moment s'il n'était que sonné ou bien raide mort, quelques minutes plus tard j'étais avec lui de l'autre côté, dans la cour d'école, mais lui n'était plus là, déjà. J'ai dû l'enterrer dans les bancs de sable qui bordent la cour de récréation, personne ne m'a vue, je l'ai fait à mains nues et je me suis lavée les mains par la suite, dans la salle de bains de l'école, au dessus du lavabo à pédale, à l'aide de ce savon rose puant dont l'odeur est marquée à jamais dans ma mémoire. L'eau coule sur mes mains. Je lève les yeux, je suis dans la salle de bains de Senzo's, je rince, je secoue un peu les mains, mon amant m'attends à notre table, je lui ai dit de me faire une surprise, j'essore avec les serviettes de papier, je n'ai pas la patience de les mettre sous le séchoir automatique, je pousse à nouveau la porte pour retourner à table avec Christophe.


Je regarde, et oui, à voir l'air de Christophe et l'assiette posée à ma place, il semble bien y avoir une surprise pour moi à table.

Saturday, June 16, 2007

One girl, one guy Part IV


As soon as I saw him, I knew there was something there. Catherine introduced me, and my gentleman soldier immediately pulled up a bar stool for me, right next to him, (I was very careful and looked around to see if anybody COULD HAVE been sitting there before, surely I didn't want to step on anybody's open-toe shoes, but I figured, with this man around, trailer-trash blondie wouldn't dare pick up a fight with me) asked me if I wanted a drink, yes, thank you, cranberry-vodka please, and ordered for me. I thought he was quite sexy. He was the rugged type, fair-headed, short beard, and very muscular, with shoulders to make any woman feel secure. I smiled and he did the same. I immediately wanted to snuggle in his arms, and soon enough, we were getting closer to chat, because, you know, the music was so loud, I couldn't hear him, and I just HAD to get closer.

-Bridges. Zhat's a lovely name. Vhat do you do, Bridges?
-Thank you! I'm a translator, from English to French. What about you?
-French! I love French...I think it's similar to German in many vays...My name is Hans...me and Huey here...

I look at Huey. He waves, smiles, and goes back to his conversation with Catherine.

...are army pilots. Ve just finished a two-week training in Cold Lake. Ve're going back to Germany on Monday.

-Oh! Wow. So you have a whole weekend to spend in Montreal?


He smiles at me and looks straight into my eyes. Then he gently pulls the stool (with me on top) closer to him, and whispers in my ear Yes! Vould you like to show me around?


I bite on my straw, take a big sip and smile, whilst lifting an eyebrow.


-I would love to!


And we toast to a night still young.

Thursday, June 14, 2007

Two girls (and two German military jet pilots) Part III

Under "Les Beaux Jeudis", there's Thursday's, (yes, I know, it's a fourth day of the week concept, don't need to be a translator to figure that one out) a Montreal institution known for, well, picking up and partying, basically. Yes, some might say that the whole Montreal island serves that purpose, but that bar on Crescent street has been there a long time and has lived up to its reputation. That's where Catherine and I headed after our delicious meal and unbridaled jazz adventure.

We sat at the bar for a few minutes, ordered drinks, chatted, and had a look around. Catherine was on fire; she circled the place a few times sniffing for worthy testosterone only to figure out that it was better for us to go downstairs, where the club is and the dancing takes place. I was happy just to sit there and wait for something to happen, but there we were already, on the dance floor, gettin' jiggy with it. I lost Catherine at some point, and since it was very crowded, tried to find somewhere I could sit. There was an empty stool at the end of one of the bars; about 10 drinks were standing in front of it. I walked over and I sat down, ordered a drink, and basically watched the action. After 10 minutes, somebody tapped me on the shoulder. Some huge-assed blond girl looking like she just walked out of the trailer-thrash makeover salon says to me, in a nasty tone : "Chus r'venue, là!!" (I'm back now!)

I look at her in dismay and, being a little slow from all the cosmos I drank up to this point, don't react, and, silly me, smile, and try to start a conversation with my toosh still on the stool. Big mistake. "Aille - kècé qu'tu comprends pas, esti? chus r'venue, faque dégage - Cé ma place, câlisse!" (Hey - what is it that you don't understand, (insert swear word)? I'm back, so fuck off - it's my place, (insert other swear word) ok?)

Here, see Bridges getting up, off the bar stool, doing a little bow, a cheeky reverence, and replying, in a mocking tone "Madâmeuh, votre banc." (Madam, your stool. (which takes a whole other meaning in English, but let's not go there, even though if I was a nasty girl I would have stuck her face in it. But I'm not. I, ladies & gentlemen, am a LADY. Sometimes.) And left her nagging loudly to her friends about how the stupid girl on HER bench wouldn't get up when SHE said so and how she bravely confronted the menacing intruderess, and you-go-girl! sent her on her way, that bitch, hahahahaha, and gulf down the rest of her beer bottle. I think she burped loudly but maybe that was just my imagination implying so. I could still hear her high-pitched Brossard-accent toned voice through the loud dance music as I was walking away from the potential hazard; and oh, waddaya know, there was Catherine grabbing me by the arm.

"Two German pilots, one cute, for me, the other one with shoulders built for you Bridges - They're buying me a drink - this way!"

German pilots? That's the most interesting subject of the evening. My interest is peeked - where to, my friend?

Monday, June 11, 2007

Two girls, part II


We come up the stairs to "Les Beaux jeudis", where a friend of Catherine's is playing tonight. It's a nice restaurant, not too "chi-chi", the food is good and the jazz is usually top notch. As we walk in, I notice a very handsome man sitting at the bar; he smiles, nods, and I do the same. The maitre D' takes us immediatlely to our table, next to the jazz quartet. The pianist recognizes Catherine, and ackowledges her presence. Our waiter brings us our menus and orders our drinks straight away, just as we are settling down.


-The man at the bar is staring at you.

-I know....

-Are you going to talk to him?

-I'm not getting up; if he wants to talk and he's a gentleman, then, he'll come and say hi. I smiled at him when we got in. He knows I wouldn't mind.


Catherine laughs out loud and hi-fives me.


Throughout dinner, the mysterious guy at the bar and I exchange glances. He remains all the way over there, at the bar, and I stay put. Between sets, the pianist comes to sit with us and has a chat with Catherine; something about "the good ol' days" that I'm absolutely no part of. I'm bored, and I wish Mr. mysterious but somehow glued to his bar stool would come and talk to me.


He doesn't. After exchanging looks for about 1 hour, he pays his bill at the bar, looks at me one last time, and waves good bye. What? That's it??? Oh well. Another one bites the dust, I think. Not too long after the guy leaves, our waiter, a very handsome young black man, who saw the whole scene, comes to me and whispers, looking straight into my eyes, "What an idiot. He is a fool to pass up a beautiful lady like yourself", kisses my hand, takes our plates away, and leaves. I didn't see that one coming, I said to Catherine.


-You never see the good ones, I have to do all the work for you!

-I'm more than happy to let you do the scouting, my dear. I'll just stay here and finish my Cosmo, thank you very much.


Catherine smiles, and I can see she is a woman with a plan. I haven't seen my friend so vibrant in a long time, I have to say. It makes me happy to see her so in tune and I'm ready, yet a bit scared (Catherine is known for pulling stunts in public places that could make headlines in the mondane column, but not to worry) to let her lead. Tonight, I feel a lot more comfortable to follow.



Two girls, part I


Come on! We're going to be late!


My friend Catherine takes forever to get ready. For some reason, her hard-core feminist habits of not wearing makeup, high heels or shaving her legs, for that matter, had to end tonight. I watched her all evening, waxing, exfoliating, hearing her scream, swear with all the québécois swear words you can possibly imagine, pulling on these little wax bands. "How do women do that? It's a nightmare!!!" "It is, I said, that's why I let my beautician take care of it!" I was already ready to go; I, for one wanted to go out. Tonight, not tomorrow. It was Saturday, I was feeling very good, ready to have a good time and had plenty of money in my pockets to do so. Plus, I was starving. I needed food. I was standing in the doorway, my purse in my hand and my car keys in the other, looking at her rumaging all over the place. I was getting impatient.


-Ok, Ok...I'm ready now....oh non...wait...


And she dashes upstairs to get God-knows-what.


-I'll wait for you in the car!!!


Ten minutes later, as I was listening to an 80's music CD a co-worker had burned for me in the car, she comes out the door, wearing different clothes then 10 minutes earlier. She gets in the car, finally. I give her the exasperated friend look.


-I'm sorry! But you know what Bridges? You know what? You do that to me all the time!


(not true)


-You look great now! Beautiful. Gorgeous. Every man will want a piece of you. Let's go!!


-You're not that shabby yourself!


(Shabby? Ok, perhaps she didn't use the word "shabby". Maybe she said "pas pire", as in "Toi aussi, t'es pas pire pentoute!")


And we head out to Crescent street, where we're hoping to find food, good looking men, music, and dancing. Not necessarily in that particular order.






Friday, June 08, 2007

Christophe XVI


Au centre du restaurant, un groupe de retraités fête l’un des leurs. Trois hommes et deux femmes sont attablés devant une gigantesque pizza. Une des convives, tirée à quatre épingles dans un tailleur pied-de poule, fait élégamment le service. Elle coupe des pointes et les dépose mécaniquement dans les assiettes en souriant, tout en suivant la conversation qui se déroule à table. Elle les distribue à sa voisine de gauche, qui les donnera à son voisin et ainsi de suite, jusqu'à ce qu’ils soient tous servis. L’homme assis près d’elle la regarde avec attention; c’est probablement son mari. Il semble s’attendre à une catastrophe; ses mains sont sur la table, son dos n’est pas appuyé sur la chaise et ses yeux ne quittent pas les mains de sa femme. Il doit craindre qu’elle ne renverse une coupe de vin ou qu’une pointe de pizza coulante de sauce tomate, déposée trop énergiquement dans une assiette, éclabousse sa chemise blanche. Au moindre faux-pas de sa femme, il sera prêt à en minimiser les conséquences. Un bouquet de ballons posé au milieu de la table attire mon attention. Il est inscrit Encore 29 ans! en blanc sur le ballon rouge, Félicitations! en blanc sur le ballon bleu, et Good luck! en lettres dorées sur un ballon vert orné de trèfles à quatre feuilles. Je n’arrive pas à me faire une idée. Fêtent-ils une retraite, un anniversaire, ou encore la St-Patrick?

Je me rends discrètement à la salle de bains, l’air nonchalant. Avant de pousser la porte, je te jette un coup d’œil discret. De plus près, je distinguerais une lueur d’excitation dans tes yeux; je me plongerais dans ton regard à la fois timide et frondeur, d’un bleu sombre et glacial nuancé d’ambre chaleureux, près des pupilles, là où personne ne l’a remarqué. Sauf moi. J’aime t’observer lorsque tu ne le sais pas. Autrement, tu ne me laisses pas faire. Alors je dois le faire en cachette. À ton insu. Je me transforme en voyeuse invisible afin de me raconter une histoire. La tienne, celle de mon amant cosmopolite en exil depuis des lunes. La mienne, celle de l’écrivaine undercover à découvert.

Tu m’attends à notre table, en terminant le vin. Le serveur t’a remis une copie du menu afin que tu puisses y consulter la carte des desserts. « Fais-moi une surprise! » t’ai-je dis avant de me lever de table. Menu en mains, tu as l’air de me choisir avec attention une sucrerie qui devrait faire mon bonheur.

Si tu savais ce que je lis dans tes petits gestes anodins et ta façon de bouger. Avenant, délicat, prévoyant. Entre les lignes de ton accent parisien, à peine affaibli par vingt ans de conversations montréalaises, je te devine toujours étranger. Tu es ici chez toi, je le vois bien. Tu aimes les gens, leur familiarité attachante, le langage coloré. Les affres de l’hiver trop long te laissent de glace, t’importunent moins que la majorité des québécois. Chez toi, ce n’est pas ici. Enfin, pas tout à fait. Par tes sourires maladroits adressés aux étrangères qui croisent ton chemin, tu laisses des traces invisibles mais bien réelles. Dans ces moments, tu es vulnérable et beau; ton corps exprime ta manière discrète d’être au monde, sans pour autant t’effacer de l’espace que tu habites. « Garçon! » Tu appelles le serveur, l’index bien levé afin de ne pas passer inaperçu. Personne n’appelle plus les serveurs « garçons » de nos jours. Enfin, pas à Montréal. Il te voit immédiatement et se dirige vers toi, une pile de menus sous le bras. Tu lui demandes quelque chose, il fait oui de la tête et te remet un menu. En le remerciant, tu lui fais sûrement une remarque spirituelle, puisque vous riez discrètement tous les deux. Il termine le vin en le partageant dans nos verres respectifs avant de repartir avec la bouteille vide, toujours souriant.

Tuesday, June 05, 2007

Kopinski corporate memos

From: Bridges L.
Sent: June 5, 2007 11:09 AM
To: Mr. Kopinski
Subject: A Tuesday morning's random thought

Mr. Kopinski,
I would like to thank you for taking to heart the musical upbringing of your employees. I think it is really swell that employees can have music lessons and learn to play an instrument, like the violin, right here in the office lunchroom, on Tuesdays from 9 to 12. I think it is really brave of you to let governmental translators manipulate the bow in such wanton disregard.

Sometimes, hearing violins play symbolizes peace, joy, happiness and sheer communion with all things beautiful in the world.

For me, on Tuesday mornings, it means 2 extra strength Tylenol caplets and ear plugs.

Hopefully this will turn into a beautiful concerto in the honor of Kopinski Translation & co. employees who suffered this painful hardship at the Christmas party!!!

Good day sir,
Bridges L.
Translator

Monday, June 04, 2007

Christophe XV


C’est une jolie brunette, sans maquillage, visiblement amoureuse. Une assiette de saumon fumé décorée de tranches de citron frais a été déposée devant elle. Lui, un blondinet à la calvitie naissante qui me semble maladroit. Il pique sa fourchette dans un cœur d’artichaut. Je la vois découper un morceau de saumon, l’enrouler autour d’une câpre et le tendre à son compagnon. Hésitant, Il plisse le nez devant le poisson cru, et décline son offre en hochant la tête. Elle hausse les épaules, esquisse un sourire résigné et avale le saumon et la câpre. J’observe le serveur remplir les verres d’eau glacée. Veulent-ils d’autre pain non mais d’autre vin oui, une autre bouteille, certainement, et le serveur va la chercher. Je guette la brunette. Elle savoure la dernière lampée de vin, dépose sa coupe vide, déglutit, ferme les yeux. Elle ouvre la bouche et attend. Attends de voir si le poisson va mordre à défaut d’être mordu. Joue le jeu nom de Dieu, c’est ce qu’elle pense je crois. Entre ses dents le blondinet dépose un artichaut, qu’elle s’empresse de croquer avec délice. Une goutte d’huile aromatisée s’échappe de ses lèvres poupines, puis il l’essuie de son doigt en rigolant. Je suis ravie de le voir le porter immédiatement à sa bouche. C’est facile, trop facile, doit-il se dire. Le serveur revient, serviette blanche sur le bras, débouche le vin et remplit solennellement leurs coupes. Très bon elle dit, encore meilleur que l’autre, voit par toi-même c’est délicieux. Le blondinet porte la coupe à ses lèvres et acquiesce. Je jette un dernier coup d’œil à la brunette et au blondinet.

Je les trouve mignons. Je ne les envie pas. J’ouvre le menu à mon tour.

Alors que j’hésite entre la mesclun et la césar, je te raconte la saynète qui se déroule à quelques tables de nous, pendant que tu faisais la lumière sur les zuppa et les antipastos. Tandis que les mots s’échappent de ma bouche et que tu les captes des yeux, les serveurs s’affairent à garnir les corbeilles à pain, remplir les verres d’eau glacée, et moudre du poivre en grains au-dessus des assiettes fumantes. Tu me regardes, touché par ce petit récit impromptu et attendri devant mon sens de l’observation aiguisé et interprétatif. Tu me demandes doucement si je veux du vin chérie, et mets ta main sur la mienne. Nos doigts se croisent sur la table, entre la baguette et le plat d’olives noires. Oui, une pleine bouteille darling car je ne fais pas les choses à moitié et tu détestes les demi-mesures.

Friday, June 01, 2007

Where have all the cow-girls gone?



Pour une raison que j'ignore, tout à coup, mes blogueuses favorites éteignent la lumière du porche une à une. Mère indigne l'a fait plus tôt ce printemps; mon amie Blue, fatiguée de raconter ses péripéties de voyageuse, ressent le besoin de se garder "une tite gène" et se pousse pour voir ailleurs si elle y est; Caroline à Londres semble avoir fait le tour de son jardin anglais et file, pardon the pun, à l'anglaise; et puis voilà même que Chroniques Blondes, la reine de la mise en scène devant et derrière le rideau, s'y met. Toutes, dis-je, toutes mes bloguettes "tirent la plogue" du blogue.

Mesdames, je vous salue bien bas, je ne crois pas une seule minute que vous vous éclipserez pour bien longtemps, du moins, c'est ce que je souhaite. Et pourquoi est-ce que vous nous quittez toutes en même temps?? C'est une conspiration ou quoi? Oh, et puis ne niez pas, Blue & Caroline...

-ok, ok j'le fais si tu le fais....
-Non, moi j'le fais pas si tu le fais pas....
-OK debord on le fait ensemble!
-OK GO!!

Et puis Chroniques qui s'en va...j'ai peur de l'hiver et du froid....j'ai peur de vivre, et du silennnnnn-ceeee....

Allez, quoi...je vous lisais, moi!
Even cowgirls get the blues! Thank you ladies...