Thursday, May 31, 2007

ecoBridges

After my silent fit at the office a few weeks ago, I was offered to translate for another department AND a new office with a great view on the Zeller's & Homesense parking lot (Hey, don't make fun, I just spent close to two years working in a dark & gloomy cave) So now, I'm translating mostly Environment & agriculture related documents, which makes me very happy because I get to keep up to date with very useful eco-tips from our very environmentally-savy government ( "Wash your clothes using cold water. Many detergents clean just as well in cold water!" or "When buying a new appliance, choose an energy-efficient one.!") Hey Mr. Harper! Here's an eco-tip for ya : When extracting oil sands in Alberta, don't fill the surrounding lakes and rivers with contaminated water! Oh, and when the international community signs a treaty to protect the environment, well, sign it, and oh, respect it! By the way, did you know Canada's GHG emissions are 32% OVER Kyoto's target? As per www.ec.gc.ca :

Latest Greenhouse Gas Data Show that Canada is Still Over 32% Above Kyoto Target

OTTAWA, May 25, 2007 –As part of its international obligations, Environment Canada submitted today its annual national greenhouse gas (GHG) inventory for 2005 to the United Nations Framework Convention on Climate Change (UNFCCC).
“This information tells us that greenhouse gases are still over 32% higher than our Kyoto target,” stated the Honourable John Baird, Minister of the Environment. “This is why this government has put forward a concrete action plan to reduce greenhouse gases and air pollutants.”


Canada is way behind in its environmental actions...Just like me...Today I was assigned a 4000 words document (usually, a good and productive translator pulls about 2000 words a day, on a good day) due on Monday, and since I don't want to work this weekend since I'm taking the kids to Montreal to see their dad (and yes, I will be driving my car and not an energy-efficient appliance) and planning to get down and boogie on Crescent street either Friday or Saturday, then...I have to get a'goin' pretty soon. And since the Canadian Environment Week is from June 3-9, suddenly the office is swamped with eco-tips, eco-actions and eco-whatnots to translate. What have you done for the environment lately? I for one decided to boycott the little plastic bags from stores & markets. I carry my own reusable yet very trendy black cotton bags made from recycled plastic bottles.

(For groceries, shoes, kids crafts, gardening supplies or any other crap that a single mom carries around)

You can call me ecoBridges,love.

Wednesday, May 30, 2007

Christophe XV


Christophe me susurre à l’oreille, dis-donc, qu’est ce qui t’a pris ma mignonne…ne me dis pas que tu es jalouse? Je lui réponds par une moue de petite fille prise en défaut. Tut-tut-tut qu’il me fait. Tu sais bien qu’il n’y a que toi maintenant ma toute petite. Il est charmant, je trouve. Un vrai prince. Tout à coup j'ai le droit d'être inconduite.

Avant que tu ne puisses t’asseoir à ton tour, un jeune serveur se dirige vers notre table avec des menus recouverts de cuir noir aux écritures dorées sous le bras. Il se déplace au ralenti, ses chaussures seraient doublées de guimauve que je n’en serais pas surprise; il salue au passage un jeune couple dont la femme est enceinte jusqu’aux oreilles, et s’arrête près de nous. Un sourire imbécile mais heureux est plastronné sur son visage, et son regard semble s’évader au-dessus des clients. Peut-être est-ce un petit pétard grillé avec le cuisinier quelques minutes plus tôt qui le rend si baba cool. Bonsoir bienvenue chez Senso’s, le meilleur endroit en ville pour manger straticella, pastas, ansalata et tutti quanti, Marcello pour vous servir, qu’il nous dit, cabotin. Peut-il nous servir un apéro, certainement tu lui réponds, ce sera Pernod pour monsieur et Pineau pour madame, parfait merci qu’il dit et nous souhaite une bonne soirée. Marcello se dirige machinalement vers le bar. Tu me regardes d’un air complice et je te fais un clin d’œil. Nous savons tous les deux qu’il en sera ainsi. Une excellente soirée. Tu retires le chewing-gum de ta bouche, le roule en petite boule symétrique, la colle dans le cendrier, puis t’assied en face de moi. De l’autre côté de la vitrine, des passants transis de froid nous regardent et envient la chaleur et les odeurs réconfortantes qu’ils imaginent mais ne peuvent sentir.

Le resto est bondé. Les gens sont bruyants, quelques-uns sont enivrés. Certains parlent et rient la bouche pleine de carpaccio et de fettucinis Alfredo, d’autres servent du Chianti à leurs voisins de table en éclaboussant les nappes blanches. À ma droite, se trouve un couple dans la jeune vingtaine. Je tourne discrètement la tête en leur direction, jambes croisées. Tu ouvres ton menu et en débute la lecture en plissant les yeux; puis-je te remettre tes lunettes certainement baby. J’attrape mon sac à main sur le dossier de ma chaise, en retire tes lunettes. Je les dépose sur la table. Marcello arrive et dépose un verre de Pineau devant moi, se retourne vers toi et s’excuse ne plus avoir de Pernod, ce n’est pas très en demande ici, dit-il, confus, et te propose un martini. Non, dis-tu en grimaçant, non non, apportez-moi plutôt le vin tout de suite, un merlot Domaine de Ravanes 2000. Je fixe à nouveau le couple, tu souris en me voyant faire, et retournes à ton menu.

Monday, May 28, 2007

Wishful thinking



Right before I left for my cruise early April, I told one of the girls in the control center (where we, translators, get our work as well as the latest office gossip) that one of my objectives for the trip was to, et je cite, "Get a New-York lover to go and spend some weekends once in a while". Of course at the time I was just being cheeky; and perhaps maybe just a little optimistic :) I had no idea I had such strong prophetic qualities...

I did tell you about the California stud-muffin, but I didn't tell you about the friend I met and kind of bonded with during a lazy day on the beach in St. Kitts. 38 years old, latino, hot, very muscular and dances like no tomorrow. He can almost keep up with me!!! He's got the moves, he's got the look, he's a bit of a beefcake type, and I like him; he stimulates my over-analytical side :) He is writing a screenplay about a guy coming back from the war disfigured and being abandoned by his girlfriend to end up commiting suicide in front of his mother. Now if that's not classic freudian, then I don't know what is... Well, my favorite dancing partner has invited me over for a weekend with him. He says : "I am leaving work early the day you will be coming over, in your honor. Bring some walking shoes because on Saturday we will be walking alot in the city. I have a big weekend planned for you B.!"

How cool is that? The one thing a man can do that turns me on big time is a) tell me he's doing something in my honor, and b) taking care of everything plan-wise. He has a weekend planned for little ol'moi? Well gee baby, you just made my month.

So there, now you know, I will be in New-York on the last weekend of June. Isn't it great to have something to look forward to? Maybe I should go back in the control center and give that girl some gossip ammunition.

Therapeutic gardening 101

Bridges' garden, May 2007


In the spirit of the very wise saying " If life hands you lemons, bring out the salt & tequila", I have taken up a new gardening project to keep me busy, and to try turning negative energy into positive. And look! it's working! I have installed this little terrace in the shady back corner of my garden, and all on my own! Each of these stones weighs close to 30 pounds (thank God for Robaxacet pain killers) and figuring them out was more than a puzzle... But still! I did it, and now, I can have a nice cuppa whilst watching my flowers grow...

My new favorite spot for reflexion and meditation!

Sunday, May 27, 2007

Christophe XIV

Je suis une littéraire, moi! Rien à foutre que tu aies fêté ton 47e anniversaire de naissance le mois dernier. Mes trente ans et moi n’en avons rien à glander. Je fait semblant que je ne comprends rien aux chiffres, que l’esprit cartésien m’échappe, qu’il se perd dans ma conviction d’être artistique et non théorique, tu vois, les chiffres ne sont jamais attachés aux émotions mais pourtant c’est comme ça que je valide la pertinence des miennes, que je les fait compter. Alors si, ça fonctionne comme ça. Je calcule. Je soustrait. Je divise. Je nie. Je continue de croire que la différence d’âge n’a pas d’importance, que seul compte l’age du cœur et de la tête, et j’y crois dur comme fer.

Devant chez Senso’s, alors que tu allonges le bras pour agripper la porte, je te tire contre moi. Mais qu’est-ce que tu fais Sophie, dis-tu en rigolant, merde, on se les gèle, rien du tout, je veux seulement t’embrasser avant d’entrer, ai-je besoin d’une raison, j’avoue, c’est un comportement suspect à vingt degrés sous zéro, alors que de l’autre côté de la porte il fait chaud et bon; si tu veux tout savoir, Christophe, je suis superstitieuse, alors embrasse-moi vite il fait froid pas le temps d’y penser et tâche d’en avoir envie. Nos manteaux et nos gants se frottent dans un bruissement sec et sourd. À la lumière du réverbère au dessus de nous, je remarque tes lèvres gercées. Je ferme les yeux, j’ouvre à peine la bouche et impose mes lèvres sur les tiennes, et je ne sens rien, l’épaisse couche de rouge à lèvres qui recouvre ma bouche m’en empêche. Une larme de froid glisse sur ma joue jusqu’au col de mon manteau, traçant un sillon sur mon visage, démaquillé d’un trait de caractère.

Tu me laisses faire, ravi de mon impatience malgré le froid agressant. La chaleur mentholée de mon souffle emmêlé au tien embrume tes lunettes. Tu m’embrasses à ton tour, me mordillant gentiment le bout de la langue. Je goûte ta cigarette grillée en vitesse tout à l’heure, chez toi, avant de partir. Tu souris triomphalement, le reste de ma gomme entre les dents. Tu as ce don de me soutirer le peu qui me reste avec tant d’aisance; je suis avalée d’un seul trait, consentante dans un mutisme que même le froid perçant ne saurait faire crier.

J’en serais effrayée si ce n’était pas de ma confiance aveugle en toi. Je retire gentiment tes lunettes givrées et les glisse dans mon sac à main, donnant à voir ton regard candide mais toujours voilé. Tu tapes ton index ganté sur le bout de mon nez, le glisse à ma bouche. Mignonne je suis dans la froidure tu trouves, et tu élances à nouveau ton bras vers la porte, cette fois déterminé à entrer. Pressé de retrouver la chaleur, tu pousses la porte d’un coup sec, créant une bourrasque polaire dans le portique du resto. Tu m’aides à retirer mon écharpe, mon manteau et mes gants, tu fais de même, et je presse ensuite mes mains contre tes joues afin qu’elles se réchauffent. La ravissante hôtesse nous accueille avec un sourire trop lumineux pour être vrai. Elle te reconnaît. Tu l’appelles par son prénom. Un bonsoir monsieur exagérément révérencieux désamorce ton envie de la séduire à nouveau, tu n’es pas seul, quand même, et t’incite à détourner le regard. Je vois bien que cette femme ne t'est pas inconnue; elle te fait les yeux doux, te souris, touche légèrement ton épaule afin de te diriger vers ta table, et me regarde d’un air méprisant, sans que tu ne la voies. Moi je l’ai vue. Elle a de longs cheveux noirs, probablement italienne, plutôt jeune. Plus jeune que moi. Elle porte une robe au décolleté plongeant, et déambule élégamment chaussée de magnifiques Manohlo Blahnik. Ce n’est certainement pas avec son salaire d’hôtesse qu’elle peut se payer ce genre de luxe. Un des ses petits amis mafieux doit les lui avoir offerts, ou encore pire, papa mafieux lui en a apporté une cargaison en direct de New-York, petite salope, je la déteste déjà cette pétasse. Discrètement, je prends ce qui reste de gomme dans ma bouche et le lui lance dans la chevelure alors que je la suis. Oops! Elle nous conduit à une table près de la fenêtre, à ta demande et mon acquiescement, où nous pourrons observer pendant le repas les passants frigorifiés de l’avenue Laurier et la clientèle de Senso’s à notre guise. Ça vous va, ici, Monsieur Christophe? Qu’elle te dit, oui, c’est parfait, que je lui réponds, sèchement, et je lui adresse mon plus beau sourire de vache triomphante. Elle fait un signe de la tête, lève un sourcil en accent circonflexe et nous souhaite une bonne soirée. Galant, tu tires ma chaise et je m’y assieds en soupirant d’aise.

Monday, May 21, 2007

Like my finger on your cheek

Tadoussac, Quebec, October 2004


Saturday, July 24, 2004

Damn that calling card.

"I'll call you tomorrow "....don't. Don't. Don't call me tomorrow, or the day after, or the other day after that.

Call me when you sort your stuff out...when you know what you want...when you have something to tell me. Something real, tangible, that I can touch, feel and know it's there, like my finger on your cheek.

I don't want to be the needy girl. The whiny girl. YUCK.......I can barely stand myself...The single mom that you settled for, the one who wasn't what you expected but hey what the hell, the one that wasn't PERFECT. The one that made you give up on having kids you can call your own. The one who made you leave your country, your family, your friends. The one you put all your hopes and dreams on her little shoulders, inside her heart, inside her soul. The one who loves you, but is not too sure what it means.

She just can't take it. It's too much to ask of her. She just had a taste of what could be and she liked it. A lot. For some reason she knows it's just going to blow up in her face.

Don't call.
Do write. Stay in fiction, away from reality.
It will be easier. For me.

You are not real.
You exist in an unreachable world, that I can only dream of having.
Fiction is comforting.
Reality hurts like hell.
I always end up crying.

Write.
Don't call.

I love you.
This was a great vacation.
Thank you baby.

The unexpected overexposed lover you may never have again

Monday, May 14, 2007

Christophe XIII

Enchâssés l’un à l’autre, nous esquivons en vitesse les plaques de glace aussi élégamment que des patineurs artistiques, accélérant le pas à chaque claquement de nos talons sur le rare béton à découvert. Je me sens observée, et tu ne me regardes même pas. Tu tentes de maintenir une distance courtoise entre nous malgré ma solide poigne à ta manche. La soirée est d’un froid corrosif. J’invoque les déesses de la cosmétologie et je prie afin que mon mascara hydrofuge respecte sa promesse et que mon fond de teint tienne le coup; il faut que je sois radieuse et irréprochable pour mon close-up tout à l’heure. Trois coins de rue nous séparent du restaurant. Assez pour se frigorifier les méninges, mais trop peu pour tenir une conversation. De toute façon, je n’ai pas envie de déblatérer du small talk et mis à part le froid, je n’ai qu’une seule chose en tête pour le moment.

Manger.
J’ai faim.
Je pourrais avaler n’importe quoi.

Afin de tromper mon estomac, je déchire du bout des dents un morceau de ma gomme et l’avale rapidement, au rythme de nos pas. Trop vite tu marches, attends, et j’ai failli m’étouffer.

Si étrange, cette relation toute neuve partie sur les chapeaux de roues. Si puissante. Elle exige de moi plus que je ne peux donner. Je me laisse guider, j’en avais assez de tout faire, de réfléchir à tout, j’ai tout gâché, j’ai tout gâché, j’abdique et je me rends, et Christophe a le don de me prendre en charge, je n’ai rien à faire et c’est délicieux, délicieux et effrayant à la fois, peut-être est-ce moi qui exagère la force entre nous, c’est le droit des écrivaines, l’exagération, la mise en scène, l’overdramatization, mais c’est fascinant, je me vois, je me regarde agir et je sais, je sais que je suis attirée par ce qui m’effraie, et je continue. Je commence à peine à marcher seule, et voilà que je me retrouve déjà, volontairement dois-je te le faire remarquer, aux côtés d’un homme qui se plait à se rendre indispensable. Je me crois invulnérable parce que c’est moi qui décide de plein gré d’abdiquer les commandes; tu vois, j’ai fait un bout de chemin, déjà et encore, je suis toujours soumise mais cette fois c’est ironique, et ça me fait rire à défaut d’en pleurer. Oui je le veux, je-le-veux-je-le-veux, et je joue le jeu. Moi, si indépendante de nature mais dépendante de torture. Mon masochisme aura raison de moi, de nous deux, j’en ai bien peur. Notre relation, parce que s’en est bien une, et j’ai dû argumenter des heures avec toi pour que tu finisses enfin par l’admettre, souviens-toi, oui, Sophie, c’est bien une relation, j’ai réfléchi et tu as raison, peu importe la façon dont on regarde la chose, force est d’admettre que nous entretenons bel et bien une relation, amis/amants, homme / femme, si-si , tu as raison, toi et moi, nous sommes en relation, que tu le veuilles ou non.

On se connaît à peine, pourtant, on se reconnaît. Je reconnais que tu refuses de me connaître. Je refuse d’admettre que je te connais. Quelle connerie. Beaucoup trop jeune pour moi, mais ça ne fonctionne pas comme ça, m’as tu dis du même souffle en souriant, lorsque je t’ai demandé si tu étais mon chum, tout à l’heure. Je suis assez intelligente pour savoir que ça ne se passe pas comme ça dans la vie, mais que dans la réalité, dans ces histoires que je me raconte, c’est autre chose. Les chiffres sont dorénavant les seules choses sur lesquelles je peux compter. Combien je reçois de pension alimentaire par mois. Combien de jours par semaine les enfants voient leur père. Combien d’amants sont entrés puis sortis de mon lit depuis que je suis séparée. Combien de fois j’ai eu envie de faire l’amour avec toi depuis que je te connais. Combien de gens assistent métaphoriquement à la représentation de nos scènes élaborées de baise dans ta chambre. Combien de gens me regardent écrire ce livre depuis que je l’écris. Combien d’amis me délaissent depuis que j’écris. Combien de femmes sont en moi depuis ma séparation. Combien, combien, je n’arrive plus à savoir sur qui je peux compter à force de tenter de déchiffrer. Combien de rencontres avec ma thérapeute pour démêler tout ça. Finalement, tu n’as jamais répondu à ma question, ni moi à la tienne.

Trop jeune pour toi?
Non. Pas vraiment.
J’ai eu le temps d’y penser.
M’en fiche.
Vraiment, je m’en fous.
C’est toi qui est trop jeune pour moi.

Tuesday, May 08, 2007

Une lettre au miroir

Musée Picasso, Paris, Août 2006




Montréal, février 2004



Chère amie,

Ginette Reno chantait :

Ça va mieux, ça va mieux
Je ne pense presque plus
À nous deux, à nous deux
Ça m'a pris du temps c'est vrai
Ce n'est pas encore ça mais
Ça va mieux, ça va mieux
Je n'ai plus besoin de toi
Ou si peu ou si peu
C'est moins fragile que l'on pense
Un cœur en convalescence

Ma chérie... Tu es en sevrage émotif... Et ça, c'est une conséquence de la dépendance affective. On devient dépendante affective quand ce qu'on ne peut pas obtenir prend toute la place dans notre vie, jusqu'a nous obséder, nous rendre folle, irrationnelle, dépressive. C'est un cercle vicieux duquel il est très difficile de sortir. Crois-moi, je sais de quoi je parle. Alors on compulsionne. Dans la drogue, l’alcool, la bouffe, (surtout les mets chinois) le cul. Moi, ma compulsion de choix, ce sont les hommes. Dans le plus fort de ma dépression, j’ai croqué amant par-dessus amant afin de combler ce gouffre de moi qui m'avalait de plus en plus. Tu sais, ce trou immense qui ne se remplit jamais? (Un jour, je m'y suis aventurée. Voici ce que j'y ai trouvé : une estime de moi plus que déficiente; un manque d'affection chronique; un grand besoin d'être admirée; un sentiment d'impuissance plus dévastateur que la bombe H; une mère me disant « Va pas dehors, le monde est méchant! Dangereux! » Un père réalisant à 55 ans que ce n'est pas en suivant les règles qu'on gagne au jeu; une tonne de livres hyper intéressants que je n'ai pas encore lus et une paire de sandales plate-formes à lacets de cuirs vernis qui me branchent en crisse.) Alors je baisais avec (tiens, lui là-bas) et je croyais que je me sentirais aimée, que le vide serait moins vide. HAAAAAAAAAA!

Bizarrement, c'est le contraire qui se produisait. Je me sentais encore plus nulle. Alors je recommençais. Ca m’a pris du temps avant de comprendre; quand on a des tendances masochistes, on se demande longtemps pourquoi on se fait mal et quand on le trouve, on se dit : Pourquoi arrêter? Avoue que c'est tentant : Croire, l'espace d'une nuit (ou d'un après-midi, ce qui était souvent mon cas) que quelqu'un va nous aimer et qu'à travers ce corps à corps dépourvu de sens, on sera enfin COMPLÈTE. ppppppppprrrrrrrrrrrrtttttttttt!!!!!! (Ca, c'est le bruit d'une grimace lente et juteuse.) BULLSHIIIIIIIT!!!!

Et je ne t'apprends rien en te disant que le sevrage, ça fait mal jusqu'en dedans des tripes; on finit même par croire qu'on va en mourir. Et surtout, ne pense pas que j’arrive à t’en parler de façon détachée; on est toutes la-dedans, dans ce rapport latent de dépendance affective, jusqu'au cou, et même quand on croit s'en sortir, voilà qu'on y retombe. C'est pour ça qu'on a besoin de ses copines pour se rappeler qu'on peut se suffire à soi-même, sans hommes... mais... on a TOUJOURS besoin de ses amies!!!!!

Je te comprends. On a beaucoup de choses en commun, toi et moi, qu'on a vécues de façon différente, sur des chemins de vies parallèles. Avec des hommes qui semblent diamétralement opposés mais qui se rejoignent sur bien des points. Ce vide que nous ressentons, nous le comblons avec l'écriture, la photo, la peinture, la danse, whatever. Si on a pas ça, Nath, on meurt, c'est tout. Et pour être morte, pas besoin que le cœur cesse de battre; j'ai été morte pendant 3 ans, et ce, même si j'ai donné la vie. Étrange, non? J'ai parfois l'impression que d'avoir donné naissance à mon fils m'a à la fois tuée et fait renaître. Faudra que j'explore ça à un moment donné.

C'est bien que tu aies téléphoné à James. Il te fait sentir bien, parce qu'il aime être avec toi et qu'il ne te demande rien. Juste d'être toi. Ca suffit. C'est beau, l'image que j'ai de toi marchant dans la neige avec cet homme qui te tient la taille. Il te trouve belle, et tu ris. C'est vrai que tu es belle quand tu ris. Il y a chez toi cette beauté tragique, un mélange de poussière d'étoile et de reflets des ténèbres. Une princesse / sorcière envoûtante. Un soleil noir.

Moi non plus je ne sais pas ce que je vais faire.
Moi aussi je me sens paralysée.
Moi aussi j'ai besoin de toi.

Accroche-toi, glisses pas, Hang on!

Je suis là.

Wednesday, May 02, 2007

Christophe XII

Mes talons aiguilles s’enfoncent dans la neige et me donnent une certaine prise au sol, rendant ma démarche plus assurée. Je procède avec caution, car je me connais. Je sais ce dont je suis capable, et mes capacités en matière de déambulation se résument en un seul mot. Je suis maladroite. Les gens ayant déjà marché avec moi sur les trottoirs vous le diront; je m’enfarge plus souvent qu’à mon tour dans des obstacles imaginaires. Je le sais, bon sang! J’ai déjà fait bien pire que de glisser sur un trottoir glacé. Par exemple, j’ai déjà manqué une marche dans les escaliers du métro en pleine heure de pointe et répandu tout le contenu de mon sac à mains aux pieds d’usagers du transport en commun; je crois bien que c’était la dernière fois que j’ai pris le métro, ma voiture me semblait tellement plus sécuritaire après cete mésaventure; j’ai déjà glissé dans le stationnement d’un voisin un soir d’Halloween, en chantonnant la charité s’il vous plait! avec Rose déguisée en princesse sur un bras et un sac de bonbons sur l’autre, projetant les bonbons dans les airs, me transformant tout à coup en pinata impromptue, traumatisant ma fille et mes voisins du même coup, un classique; je suis même tombée sur le derrière dans une salle de cinéma bondée alors que je cherchais un siège libre dans la pénombre, pop-corn volant dans tous les sens, déclenchant l’hilarité générale chez les cinéphiles et l’embarras de mon mari à l’époque. Une chute est toujours imminente chez moi, et la certitude qu’elle se produira n’est pas à remettre en question, la seule chose que j’ignore, et là réside toute l’excitation, est le moment où je tomberai sur le cul.
Je m’attends donc à tout moment à m’étendre de tout mon long sur la chaussée, et je me prépare mentalement à cette éventualité. Christophe le ressent, peut-être est-ce ma façon de lui serrer la main très fort en lui tirant le bras dans tous les sens qui lui a donné cette impression, ne me laisse pas tomber-ne me laisse pas tomber-ne me laisse pas tomber et en arrivant à l’intersection du boulevard Saint-Laurent, il retire sa main de la mienne pour m’offrir son bras en entier en guise de soutien. Je m’y accroche volontiers, merci beaucoup Christophe, tu es très prévenant, convaincue que mon équilibre dépend du sien. Ainsi agrippée à son bras, si je tombe, il tombera aussi. Ce serait sa faute s’il n’avait pas été assez fort pour prévenir ma chute, et ce serait gênant. Surtout pour lui. À deux, le cul gelé sur le trottoir, blessés surtout dans l’amour-propre, c’est moins embarrassant. Surtout pour moi. Sous un regard empathique, la douleur de la chute se dissimulerait habilement dans des rires embarrassés.

Nous nous immobilisons en attendant le feu vert. Près de nous, une enfant tient la main d’une femme qui pourrait être sa mère, et elles attendent toutes deux que le feu rouge vire au vert. La petite lève les yeux et m’examine des pieds à la tête, regarde mes longues bottes noires, mon long manteau de cuir noir, puis, mes cheveux noirs. Je vois bien une certaine frayeur dans son regard ainsi qu’un point d’interrogation au-dessus de sa tuque à pompon et je lui adresse un léger sourire, question de la rassurer un peu. Je ne suis pas méchante, petite fille. Il faut dire que j’ai l’air un peu inquiétant dans les yeux d’une enfant dont la mère ressemble à la mienne, ainsi affublée. Samedi soir à Montréal, on se les gèle, tout le monde est emmitouflé jusqu’aux oreilles, Christophe y compris. Moi, je suis de cuir noir vêtue avec sur la tête une écharpe nouée me donnant un look à mi-chemin entre l’antithèse de la vierge Marie et une conductrice de décapotable ne voulant pas être décoiffée par ses excès de vitesse. Encore pire, je ressemble à une starlette américaine venant de s’échapper d’un plateau de tournage d’un remake de « La Matrice ». C’est peut-être la fascination qui se dessine dans les yeux de la petite fille. Oui, tiens, je suis Thelma, la délinquante de Thelma & Louise, version hard-core. J’ai réussi à échapper à la justice américaine, ma décapotable s’est posée de l’autre côté du Grand Canyon et je me terre maintenant à Montréal, en plein hiver, et je cherche maintenant une autre Louise à émanciper, à protéger, et à mener tout droit dans le vide. Thelma la traquée, la vengeresse, la gardienne. Tu veux être ma Louise, petite fille? Dans ma camaro, je t’emmènerai, et je te jure, t’auras le droit d’être belle, de danser, de t’amuser, et de ne pas avoir peur quand je te conduirai à toute vitesse vers le précipice. Je ne laisserai personne te faire du mal. Non, personne ne va te tuer, petite fille que j’effraie. T’inquiète pas. Je deviendrai assassine pour que tu n’aies pas à te faire meurtrière. Je tuerai dans l’œuf s’il le faut, pour te protéger. Je te montrerai comment faire.
Je lui souris et elle reste là, figée, à faire des nuages de buée à travers son foulard rose. La mère tire sa fille vers elle, on ne fixe pas les gens comme ça, ma chérie. C’est malpoli. Je suis désolée maman, je ne le referai plus. Le feu vire au vert. Je lui souris et je poursuis ma course avec Christophe.

Tuesday, May 01, 2007

Behind the glass

Behind the glass, Montreal, september 2006

Montréal, septembre 2003

La session est déjà entamée, du moins dans la réalité (l'amorce est beaucoup moins concrète dans ma tête, mais bon, j'y travaille très fort...) et je manifeste l’intérêt et le désir sincère de travailler sous ton égide à la maîtrise en création littéraire.

J'ai bien évalué la situation, évoqué la possibilité de travailler sous la supervision d’autres professeurs émérites, mais personne ne semble coller d’assez près à moi, et rien ne me semble plus logique et excitant que la perspective de pouvoir compter sur ton savoir, ton expérience et ta grande sensibilité pour mener à bien mon projet d'écriture.

Évidemment, je veux travailler avec une femme, cela va de soi. Je veux travailler en terrain connu. J'ai beaucoup lu cet été (pas autant que je l'aurais voulu, c'est vrai, mais bon... je crois que je n’arriverai jamais à répondre à mes propres exigences personnelles qui relèvent toujours de l'impossible, sinon comment se veulent toujours ) et mon projet semble prendre forme, les morceaux du casse-tête s'emboîtent petit à petit et donnent l'impression qu'une image plus claire se formera sous peu... Mon projet se veut une écriture du soi, de l'Autre, et de tout ce qu'il y a au milieu. Une écriture de femme, sans conteste. Bien des ellipses sont tendues entre les écrits de femmes; à tel point que c'est étourdissant, stupéfiant. Je suis sous le choc presque à tous les jours.

Je suis actuellement dans un tourbillon émotionnel difficile à supporter; je pleure, je ris, je fuis, j'ai peur, je crois que ma notion du temps et de la réalité en est dangereusement affectée. Je n’en peux plus, je profite de la semaine de lecture pour prendre la fuite vers San Francisco dimanche matin, au lendemain de ma cérémonie de graduation de Bacc. Je vais rendre visite à une copine que j’ai rencontré cet été aux Iles Turquoise; n'est-ce-pas génial?

Je n'ai plus le temps d'écrire, ni la capacité; en fait je t'écris en ce moment et je réalise que je le fais sans trop y penser, ce n'est donc pas de l'écriture pour moi. L'écriture, ça doit être difficile et douloureux pour que ça compte. C'est un spectre qui s’empare de moi sans me demander la permission et qui s’exorcise de lui-même sans avertissement. L'état d'urgence dans lequel je me trouve me fait trembler et douter de tout-tout-tout. Normalement, le doute fait avancer, mais moi, il ne me fait que stagner!

Je sais, je sais...

Je panique pour rien. Du moins, c'est ce que je veux t'entendre me dire. Je me sens bien seule et inutile, et un petit mot de ta part me sera bénéfique et encourageant.

À bientôt, j'attends de tes nouvelles.